flauberge

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Faustine's books ; Myriane's books

 

Remerciements: nous tenons ici à remercier Eradice Cadière pour cet article, brillant comme à son habitude - F.F.

 

 

Faustine Flauberge écrit des récits d’imagination inspirés de la mythologie et de l’Antiquité, dont la facture assez singulière pourrait rappeler les romans français du dix-huitième, les fables des utopistes, ou la « fantasy » contemporaine. À ces influences diverses se surajoute une connotation érotique.

 

Le récit est quelquefois suivi d'une " note biographique " de quelques lignes, qui nous propose une filiation plus littéraire que vraisemblable : la blanche Aline et Giguelillot, desquels notre autrice se prétend l'arrière-petite-fille, ne sont en effet que des personnages de roman. Mais après tout, cette généalogie imaginaire est de bon augure poétique ; tenons-nous y donc. 

 

La manière flaubergienne associe une éclectique combinaison de styles et de tons à des références diverses et variées, et pourrait faire penser à une application à la littérature de la technique de montage cinématographique connue sous le vocable de « compositing » : d’une succession d’ébauches, de scènes fugaces, de situations plus ou moins figées, émerge peu à peu une trame narrative flexueuse, le tout sur la toile de fond d’un « monde flottant » dont le Japon du dix-septième siècle, avec son esthétique de l’impermanence, semble fournir le modèle (un chapitre de Jours tranquilles à Gynarkia - aujourd'hui épuisé - s’intitule d'ailleurs « Yoshiwara »). Pour autant, un rapprochement avec la « romantic fantasy »[1] chère aux lectrices anglo-saxonnes serait tout aussi approprié. Mais surtout, l’extravagance des péripéties, l’utilisation dévoyée des citations, proverbes, lieux communs, et quelques autres sympathiques subversions philologiques, feraient penser à une entreprise de détournement. Mais de quoi ? Il semblerait que les romances « new adult » et leurs niaiseries pseudo-audacieuses lancées comme un abat-faim à la juvénile badauderie soient une cible privilégiée pour notre autrice. Cela étant, Balzac, Proust, Racine et quelques autres sont paraphrasés de manière particulièrement irrespectueuse…

 

Quant au " contenu latent ", divers indices, (citons, pêle-mêle, un extrait de Charmes, de Paul Valéry, évoquant la figure de Narcisse, ailleurs la présence d’un personnage appelé Rachilde, du nom de l’auteur de Monsieur Vénus[2] et, un peu partout, de multiples clins d’œil à Pierre Louÿs) orientent vers la piste d’un hommage aux Décadents français de la Belle Époque. Ce qui serait certes pertinent, mais réducteur. De récentes précisions, fournies par F. Flauberge elle-même à propos de l’Iris dans le vallon, sont opportunément venu confirmer ce que nous soupçonnions depuis un certain temps : ces évocations de royaumes imaginaires, tous plus philogynes les uns que les autres, ces contre-dystopies où les femmes sont viriles et les hommes féminisés, ces uchronies où, comme chez les Aymaras d’Amérique, le passé est devant, et l’avenir derrière, et qui pouraient, car tout s’y résout toujours par un mariage, passer pour des contes moraux (bien que de douteuse moralité !) développent de libres improvisations inspirées des thèses du génial historien, philologue et juriste Johann Jacob Bachofen[3].

 

Ce sont donc autant d'invitations, plus ou moins véhémentes, à une inversion des valeurs du règne de la quantité[4] et de la démonie économique qui triomphent dans le monde moderne. Si cependant on n'est ni guénonien, ni bachofénien, on pourra fort bien les lire comme du René d'Ailly ou du Roland Brévannes. Car au fond, semble dire Flauberge, que le monde étrange et perdu où régnait la pensée intuitive et le culte de la nature postulé par Bachofen dans son Mutterrecht comme une « poésie de l’histoire » ait été réel ou rêvé, est assez secondaire : dans les deux cas, « un trait de douce humanité traverse la civilisation du monde gynécocratique »[5].

 

Depuis une vingtaine d'années, les œuvres de F.Flauberge ont essuyé - ce dont l'écrivaine s'honore - et cela même en versions expurgées, des refus réitérés de publication de la part de la totalité des grandes maisons parisiennes ; et ceci quels qu'en fussent le support et les modalités envisagés : édition de poche, édition de luxe, illustrée, in quarto, in octavo, édition en livre audio ou édition bilingue. Aucun dictionnaire des lettres françaises ni aucun Who's Who (à l'exception notabe de Cyber Scribe) ne la mentionne. Cette circonstance confirmerait, s'il en était encore besoin, l'importance de son travail. 

 

Last, but not least, F. Flauberge suscite désormais des émules : ainsi Myriane Pâris, avec notamment La Poulaine de Satyn, ou Double Idylle à Gynarkia.    

                                                                                                                                                                                                                                                              Eradice Cadière.

 

 

 

[1] Voir par exemple Catherine L. Moore, ou aussi Marion Zimmer Bradley ; plus lointainement, on pourrait mentionner le fameux She (1887) de Henry Rider Haggard.

[2] Monsieur Vénus, roman matérialiste : Marguerite Valette, dite « Rachilde, homme de lettres », 1884.

[3] Johann Jacob Bachofen, historien, juriste et mythologue suisse (1815, 1887).

[4] René Guénon : le Règne de la Quantité et les Signes du Temps (1945).

[5] Extrait de Das Mutterrecht (1861) cité par Beate Wagner-Hasel dans un article de 1991 : « Le matriarcat et la crise de la modernité ».

 

 

Bibliographie :

 

- Les Rives de la Tanaïs ;

- La Saison de la Faunesse ;

- Les Six Lunes de Thémiscyra ;

- Jours tranquilles à Gynarkia (épuisé) ;

- Jour de sortie ;

- L’Iris dans le vallon ;

- Myrthô ou les Frémissements du coeur.

 

Quelques titres de Myriane Pâris :

 

- Double Idylle à Gynarkia ;

- La Poulaine de Satyn ;

- Les Raisons du cœur. 

 

Titres auxquels on pourra ajouter, pour cause de flagrante parenté intellectuelle, le dernier roman de la talentueuse Fiona de Brévannes : Femelle alpha.  

 

                           

 

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14/10/2018
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